Shadow of a Doubt

C’est à nouveau avec un plaisir non dissimulé que je retrouve Hitchcock sur Shadow of a Doubt, ce réalisateur que j’ai écarté depuis bien trop longtemps des grands hommes du cinéma, en même temps, j’étais trop impliqué dans le cinéma asiatique pour apprécier les perles du cinéma du reste du monde. Je rattrape donc à présent le temps perdu en enchainant un bon nombre de ses œuvres qui me fascine toujours autant. Aujourd’hui, c’est sur Shadow of a Doubt que mon dévolu s’est jeté, un film incroyablement prenant avec finalement si peu de moyens et d’artifices.

L’histoire de Shadow of a Doubt n’est pas bien compliquée, mais traitée de manière magistrale, on assiste en début de métrage à un homme nommé Charlie qui rêve d’un futur plus propice, mais très peu de temps après, sa logeuse lui annonce que deux hommes le recherchent et décide alors de s’enfuir. De l’autre côté, la jeune Charlie à Santa Rosa, petite ville périphérique où la tranquillité est maitresse, est quelque peu morose et décide alors d’envoyer un télégramme à son oncle Charlie, lui-même ayant envoyé un télégramme a cette famille pour leur annoncer leur arrivée. En somme, le croisement de deux envies rassemblant ces personnages au même moment. C’est donc dans une famille, exemple même d’un foyer moyen des années 40 de cette petite ville sans histoire, que cet homme aux traits plaisants viendra troubler à jamais la quiétude de cette maison.

La jeune Charlie comprend assez rapidement qu’un curieux doute plane au-dessus de son oncle, surtout lorsque celui-ci arrache les pages du journal du jour comme pour masquer un tragique événement. Puis vient la scène des distributions de cadeaux, des objets d’un certain luxe qui font un peu plus planer le doute sur leur provenance. Notamment, cette bague contenant les initiales gravées d’une autre personne. Les choses se précipiteront lorsque la jeune Charlie se fait interpeler par deux détectives en lui posant certaines questions au sujet de son oncle qui lui rappelle à ses doutes. Cette relation quasi amoureuse, entre Charlie et son oncle, démontrée par plusieurs occasions va vite se terminer lorsque les deux détectives révéleront les actions commises par ce fameux homme, plus proche du meurtrier au sang froid qu’au jeune oncle joyeux et attentionné qu’il tente de paraître.

De ce fait, leur relation change du tout au tout, l’attraction laisse sa place à la répulsion, chaque croisement de regard devient un insoutenable moment pour la jeune Charlie. Mais Hitchcock aime son personnage et cherche à ce que le spectateur l’aime aussi. Car en réalité, ces deux Charlies ne sont pas sans connexion pour le réalisateur. La jeune Charlie, rêveuse et insouciante finit par devenir une femme lucide et plus adulte. Elle représente le coté lumineux de l’oncle Charlie, qui finalement s’est enfermé dans un intérêt pécuniaire et un malin plaisir d’éliminer les femmes profitant de l’argent de leur défunt mari pour de futiles choses. Il représente finalement une sorte de meurtrier justicier qui semble croire qu’il possède des raisons d’engendrer ses effroyables crimes.

Que dire également, de cette finalité que Hitchcock nous offre, une petite merveille de situation qu’on ne peut qu’accepter comme évidente. Shadow of a Doubt est sans aucun doute un grand film, Hitchcock a encore beaucoup à me montrer et je n’en doute pas une seule seconde.