Fenêtre sur cour

Scénario : John Michael Hayes | Photographie : Robert Burks | Costumes : Edith Head | Musique : Franz Waxman
Critique
Est-il si anodin d’observer par la fenêtre de son appartement le quotidien de ses voisins ? À vrai dire, pas tant que çà, beaucoup d’entre nous ont déjà passé quelques minutes devant la fenêtre en regardant si à côté, la vie était meilleure. Pourtant ici, un photographe de terrain s’étant cassé une jambe n’a d’autre choix que de passer ses journées scotché à sa fenêtre en observant son voisinage, seule échappatoire à son triste quotidien. Mais un jour, l’un d’entre eux se comporte étrangement et il en vient à le suspecter d’avoir tué sa femme à la vue de tous.
À le comparer aux autres films de Alfred Hitchcock, Fenêtre sur Cour est sans doute l’un des meilleurs du réalisateur. D’une part, sa réalisation est magnifiquement montée, notamment en faisant la plupart du temps appel, au modèle de champ-contrechamp, à l’aide de la caméra subjective. Tout au long de Fenêtre sur cour, l’intrigue se déroulera à travers la fenêtre du photographe qu’interprète James Stewart. Ce n’est finalement qu’en fin de métrage, que la scène nous sera dévoilée qu’objectivement par une caméra en pleine cour. Il est assez clair, que Hitchcock cherche à mettre en scène notre penchant voyeurisme, souligné ici par l’utilisation de matériel tel un téléobjectif ou d’une paire de jumelles. On pourrait même assimiler le rôle qu’interprète James Stewart comme étant nous-mêmes. En effet, il est le symbole d’un spectateur dont son écran se déroule dans les multitudes de fenêtres qu’il possède à porter de vue.
Si Fenêtre sur Cour réussit à captiver le spectateur du début à la fin, c’est par son intrigue policière absolument divine. À travers le personnage de Jeff, on imagine très bien les mêmes pensées qu’il peut avoir en voyant Mr Thorwald et de trouver un sens à toutes ses actions. D’ailleurs, le personnage du détective nous devient presque haïssable, car il arrive régulièrement à nous faire douter de ce qu’on imagine voir à la fenêtre d’en face. Hitchcock s’amuse d’ailleurs à nous faire passer dans la peau de divers types de voyeur, du simple curieux qui suit les déplacements d’un petit chien ou d’un pervers qui sourit en voyant sa voisine nue à la fenêtre d’en face. En même temps, ce genre de comportement nous est quasiment tous propre.
Hitchcock nous présente également dans Fenêtre sur Cour, une histoire d’amour compliquée entre ce photographe et cette jeune femme, interprétée par Grace Kelly. James Stewart projette finalement ses complexes et inquiétudes à travers le tableau qui s’offre à lui par sa fenêtre. Plusieurs fois, il utilisera quelques réflexions pour désamorcer une situation délicate qu’il vit dans son appartement, par la description d’un événement se déroulant à sa fenêtre. Au final, Fenêtre sur Cour est un véritable Chef-d’œuvre, un film méritant d’être vus par tous les amoureux du cinéma, d’une puissance incroyable, il vous montre le cinéma vu d’une simple fenêtre.




