City of Life and Death

Compositeur : Liu Tong | Production designer : Hao Yi | Monteur : Teng Yun | Directeur Photo : Cao Yu | Directeur son : Lai Qizhen
Critique
Il existe des films qui vous prennent aux tripes, le genre qui ne vous laisse pas indemne et c’est le cas avec le dernier film de Lu Chan, City of Life and Death, qui vient vous planter un poignard en plein cœur en retraçant les événements du massacre de Nanjing de 1937 avec une solennité et une mise en scène magnifique. Je ne suis sans doute pas le seul à penser cela, mais les films en noir et blanc sont les plus magnifiques. Maitriser deux couleurs et ses tonalités est tout un art pouvant nous offrir des scènes d’une beauté incroyable, d’ailleurs les réalisateurs de l’époque avaient su maitriser ces techniques comme des maitres absolus. Mais à l’apparition des couleurs, les films ont perdu selon moi de leur magnificence et la maitrise de ce nouvel aspect est encore loin, même aujourd’hui. Aucun doute à ce sujet, je suis et je reste un adorateur du cinéma noir et blanc. Et c’est donc avec plaisir que je vous annonce que City of Life and Death de Lu Chan est réalisé en noir et blanc, quel plaisir.
Si l’utilisation de ce procédé permet d’apporter un plus au film, ce n’est pas sur cet unique choix que l’œuvre de Lu Chan repose. Car autant vous le dire tout de suite, je pense que City of Life and Death est l’un, voir le meilleur film de guerre asiatique et même toute nationalité confondue. D’ailleurs, en voyant ce film, on peut y faire un rapprochement avec Les démons à ma porte, filmé également en noir et blanc sur le sujet de la guerre, pourtant, les deux œuvres sont clairement différentes même si elles sont toutes deux, de très bonnes factures. C’est en allant puiser dans son expérience de ses deux premières œuvres ayant remporté un franc succès qu’il a pris son courage à deux mains pour réaliser City of Life and Death, un film sur le massacre de Nanjing alors que les relations entre les deux pays intéressés par l’histoire ne sont pas dans les meilleures conditions politiques. Difficile alors de réaliser un film sans être trop partial pour l’un ou l’autre pays, pourtant Lu Chan réussit à dépeindre avec une main de maître ce conflit historique.
Évidemment, le Japon est ici présenté dans City of Life and Death comme étant l’occupant, brutal et sans cœur, ce qu’il a effectivement été durant cet événement. Cependant, c’est avec une certaine distance que Lu Chan replace le massacre dans son contexte, celui de la guerre, celui où des millions de gens se retrouvent dans leur état le plus primitif qu’il soit pour ou contre celle-ci. Mais Lu Chan est conscient qu’il peu sans mal présenter la tyrannie du Japon en tant que pays, mais va nous décrire celui-ci également sous les traits d’un soldat, Kadokawa, remplit d’humanité qui cherche à échapper à l’action de son pays. Et c’est fortement bien joué de la part du réalisateur. Car des films sur un tel sujet sont les plus sensibles, notamment certains se sont ramassé les dents, car ils présentaient le Japon comme étant moins barbare que dans les faits historiques. Ici, Lu Chan n’hésite pas à montrer les exécutions de jeunes enfants, de femmes ou de gens sans défense.
Pour arriver à ses fins, Lu Chan joue aussi sur le procédé utilisé pour la narration, en effet, plutôt que de focaliser City of Life and Death sur les deux acteurs de cette guerre, il la dépeint via les acteurs de celle-ci, les hommes. Il nous présente ainsi différents destins nous permettant ainsi de voir la guerre dans son ensemble, mais d’un point de vue proche des êtres. Ce n’est donc pas de simples soldats, mais bel et bien des personnages détaillés avec chacun leur histoire et leur passé. Rappelons-le, il s’agit d’une production chinoise, car en voyant la qualité du film, on peut vraiment tirer son chapeau. Le voir au cinéma ou sur un grand écran avec le matériel sonore associé sera un grand plus. City of Life and Death est donc un film à voir absolument, pour ma part, il fait partie de ma collection.





Après le très réussi « The Missing Gun » et un « Kekexili – La Patrouille Sauvage » pas désagréable, cette fois Lu Chan m’a littéralement claquer la figure. D’ailleurs j’ai mis quelques jours à me remettre de la vision de ce film.
[9,5/10]
A noter que moi aussi « City of Life and Death » est (avec Requiem pour un massacre) l’un des meilleur film de guerre que j’ai vu.
Un chef d’oeuvre monumental. L’utilisation du noir et blanc est ici maîtrisée avec beaucoup de justesse, apportant un sens réaliste à la connotation historique. Le massacre de Nankin fut une véritable boucherie. Après le visionnage de ce film terrible, j’ai voulu en savoir plus sur l’un des évènements les plus sauvages et regrettables de l’histoire de notre humanité. Je me suis procuré le livre d’Iris Chang « Le viol de Nankin ». J’en ai pleuré. Iris Chang s’est suicidée quelques années après la parution de son livre. Hantée par les démons de Nankin…