Children of Hiroshima
Compositeur : Ifukube Akira | Scénariste : Shindo Kaneto
Critique
Juste avant de réaliser le magnifique film L’ile Nue en 1961, Kaneto Shindo s’attardait sur une vision personnelle du résultat de la bombe atomique de Hiroshima par son film Children of Hiroshima, une vision dramatique qui ne s’attarde pas sur les détails historiques, mais sur la dimension humaine de cet événement. Children of Hiroshima de Shindo montre bel et bien les désastres de cette époque, sans pour autant les décrire complètement, ici on survole une époque d’après-guerre, par les souvenirs d’une institutrice de retour à Hiroshima, tentant de retrouver les jeunes enfants de son école pour comprendre et savoir, ce qu’ils sont devenus. Alors que les États-Unis durant l’occupation du Japon supprimaient toutes images des assauts portés sur les civils, incluant femmes, enfants et vieillard, Shindo lui tente de montrer ceux qui résultent de cette terrible époque dans les yeux de cette jeune femme, qui elle-même a perdu ses parents et sa sœur durant cet holocauste.
Shindo ose alors montrer dans Children of Hiroshima, les horreurs de cette guerre sans pour autant prendre part d’un point de vue politique à ce qu’il décrit, mais plutôt de montrer d’un œil objectif, les résultats de celle-ci, sans y incorporer la moindre référence aux États-Unis, de manière à afficher une œuvre penchant plus du coté du documentaire pour montrer aux Japonais de l’époque, une idée de ce qu’il sait déroulé quelques années auparavant, une horreur sans nom, qui marque encore aujourd’hui les esprits. C’est surement grâce à son coté documentaire et non politique que le film de Shindo a réussi à convaincre, sans jamais prendre part d’un bord ou de l’autre, il montre simplement une véracité des faits par l’exposition d’un seul modèle, celui de Takako, qui pourrait être Shindo lui-même, ce dernier étant né à Hiroshima.
On est loin de l’exemple de Imamura et de sa calme campagne dans Pluie Noire ou de la recherche du sens des faits de Rhapsodie en Août de Akira Kurosawa, ici dans Children of Hiroshima, on vit l’événement à travers les souvenirs d’un vieil homme ayant vécu ce drame, mais surtout par le constat d’une génération d’après-guerre, où le paysage social est ravagé. C’est donc entre la vision d’après-guerre de l’institutrice que l’on parcourt les ruines de cette ville, mais également les ruines de l’âme humaine qui la peuple.Grâce aux mouvements verticaux de la caméra, on aperçoit un Hiroshima dévasté, entre les cimetières qui la construit et les maisons à moitié détruites et la vision d’un grand-père perdant peu à peu la vue et défiguré qui refuse de quitter son petit-fils, ultime élément le gardant en vie, ou encore un homme qui tient sa promesse de mariage à une femme ayant été estropié pendant la bombe A, des hommes et des femmes qui tentent de tourner la page à ce triste événement.
En fait, avec Children of Hiroshima, Kaneto Shindo nous montre tout de même cette insupportable tragédie à travers des malades, des orphelins, des drames familiaux insurmontables, comme le grand-père et son petit-fils, pourtant Shindo ne s’amuse pas à donner la larme facile aux spectateurs, mais de relater simplement les faits.C’est en réalité une vision distante qu’il nous offre et non une intimité des personnages qu’il nous décrit, son jeu de caméra est en fait très retenu tout comme le jeu des acteurs, donnant presque comme dit précédemment, un sentiment de semi-documentaire, tout comme il le fera avec L’ile Nue, avec tout de même une qualité photographique bien plus impressionnante que pour celui-ci.
Au final, Children of Hiroshima fait l’état d’un traumatisme national, au service des plus démunis, il ne les oublie pas, il cherche toujours à montrer qu’ils existent et qu’ils sont eux aussi des hommes à une époque où le Japon cherche à faire oublier ce drame et leurs conséquences, à monter une société prospère capitaliste, certains sont laissés de coté, mais heureusement que le septième art est là pour rappeler certaines choses, notamment la souffrance du passé des gens les plus humbles qui existent, ce qu’il fera également plus tard avec L’ile Nue de manière sublime.
Bonsoir, et bien voila, j’ai vu hier Children of Hiroshima et c’est vraiment un film à voir absolument.
Ce film m’a fait penser à l’île nue pour son style de réalisation, j’ai pensé à un documentaire aussi.
J’ai bien aimé la manière dont est raconté cette histoire, l’institutrice interroge les gens qu’elle rencontre et c’est très instructif, ça permet au spectateur de se rendre compte des ravages de cette guerre.
On en sait plus sur les orphelins d’Hiroshima par exemple, les blessures physiques et morales…
Et les plans sur la ville, l’eau, quand le bateau de Takako arrive à Hiroshima m’a fait aussi penser à l’île.
Bref, j’ai pris ce film presque comme un documentaire et un témoignage du passé.
Pluie noire je connais, je me rappelle que ce film m’avais marquée mais je l’ai vu il y a plusieurs années déjà…
C’est en effet quelque peu normal que le film rappelle L’ile Nue dans sa réalisation ou dans son aspect semi-documentaire, le réalisateur étant Shindo Kaneto pour les deux œuvres :) Ravi de voir, en tout cas, que le film est également apprécié par d’autres, car effectivement, il en vaut la peine, Children of Hiroshima est un film à voir dans l’histoire du Japon.