Carmen Comes Home

Carmen Comes Home

Titre original : Karumen kokyo ni kaeru
Titre français : Carmen revient au pays
Réalisé par : Keisuke Kinoshita
Année : 1951
Pays : Japon
Genre : Comédie/Drame
Durée : 85 mins

Interprété par

Hideko Takamine
Toshiko Kobayashi
Takeshi Sakamoto
Shuji Sano
Keiji Sada
Sakae Ozawa
Ryu Chishu
Mochizuki Yuko

Scénario : Lily Carmen, strip-teaseuse a Tokyo, retourne dans son village natal accompagnée de sa collègue Maya. Bien que leur « art » suscite l’incompréhension générale, elles ne se laissent pas déconcerter et montent un spectacle afin de faire profiter les villageois des bienfaits de la culture urbaine moderne…

Critique

Entre Le Fantôme de Yotsuya en 1949 et Un Amour pur de Carmen en 1952, Keisuke Kinoshita réalise Carmen Comes Home, premier film en couleur dans l’histoire du cinéma japonais, une adaptation de l’histoire de Carmen ayant déjà été abordé par d’autres réalisateurs, même si celle-ci ne marque pas les esprits comme le fût les autres films sur cette dernière.

C’est donc à l’occasion des 30 ans des studios de la Shochiku que le directeur général de celle-ci propose de produire un film destiné davantage à un public féminin par sa forme et son fond, pourtant, chacun pourra y trouver son compte, que ce soit pour son coté historique intéressant, par les débats de fonds qu’il amène ou simplement pour le réalisateur et les acteurs.

Il faut l’avouer, la Carmen de Carmen Comes Home de Keisuke Kinoshita est bien loin de celle de l’œuvre de Kenji Mizoguchi, L’amour de l’actrice Sumako, qui se trouvait être résigné à son sort à l’image d’une femme fatale de son époque ou de celle de Seijun Suzuki de Carmen de Kawachi, qui fut bien plus enjouée et fougueuse que celle de Kinoshita, qui pour le coup est bien trop sage, loin de l’image de la véritable Carmen, ici, le réalisateur ne prend aucun risque, applique une structure conforme aux studios de la Shochiku et une œuvre totalement dénués de revendications anti sociétaires, même si celui-ci n’oublie pas de penser à intégrer plusieurs messages sociaux, cependant bien en retrait des autres productions du genre de l’époque.

Pourtant, Kinoshita n’est pas un demi-réalisateur, loin de là, seulement aux cotés de ses autres films comme La Tragédie du Japon ou Le Soleil et la RoseCarmen Comes Home n’est vraiment pas à la hauteur de son talent, pourtant, je dois dire que certaines scènes montrent bien le talent du réalisateur, celui-ci réussit tout de même à intégrer un mélo-dramatisme réussit et des touches d’humour bien sentit, notamment le passage où Ryu Chishu tombe sur un pavé en plein milieu de la route, trouvant cela complètement inadmissible ou encore lorsque celui-ci se bat avec Miyake Bontaro, à la manière des vieux films comiques muet.

En plus de nous proposer, quelques scènes lui permettant de donner un peu de cachet à Carmen Comes Home, Kinoshita nous donne un film à la musicalité intéressante à la manière de shows à l’américaine dans un cabaret de Broadway, sauf qu’ici, ces shows se déroulent en pleine campagne, dans les pâturages, offrant donc un mélange de modernité et de traditionalisme.

C’est d’ailleurs ce mélange de modernité et de traditionalisme qui est au centre de l’œuvre de Kinoshita, le spectacle de Carmen, entre danse, art et séduction à la pointe de la modernité japonaise directement imprégnée d’un style de culture américanisée, véritable scandale pour son père, reflétant complètement un traditionalisme des campagnes et un désir du respect de celle-ci.

Certes, Carmen Comes Home propose un certain regard sociologique, cependant, Kinoshita offre avant même cela, un spectacle léger, une simple histoire d’une danseuse de cabaret décidant de renouer avec le passé de son enfance.

Au final, ces dans des tons criards, dans un joyeux tintamarre que Carmen Comes Home se regarde, dans une mise en scène plutôt banale et grand public, qu’on se laisse doucement porter par la narration de Kinoshita, un léger portrait de femme, qui ne fait pas réellement honneur au personnage de Carmen, mais qui attire tout de même un certain public, grâce à l’interprétation de Hideko Takamine, pleine d’énergie, mais à vrai dire, Carmen Comes Home est surtout connu pour être le premier film en couleur du Japon avant d’être connu pour son contenu.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Carmen Comes Home de Keisuke Kinoshita
Note
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