Le Mont Fuji et la lance ensanglantée

Titre anglais : A Bloody Spear on Mount Fuji
Titre original : Chiyari Fuji
Réalisé par : Tomu Uchida
Année : 1955
Pays : Japon
Genre : Chambara
Durée : 1h30
Interprété par
Kataoka Chiezo
Kato Daisuke
Shimada Teruo
Ueki Motoharu
Scénario : Un jeune samouraï, Shojuro Sako, voyage sur la route d’Edo en compagnie de ses deux serviteurs, Genta et Gonpachi. Ce dernier s’inquiète pour Shojuro et Genta, tous deux grands buveurs de sake. La route n’est pas sûre, de nombreux truands sont embusqués dans les parages…
Critique
Entre La Terre, son premier film en 1939 et Chacun dans sa coquille en 1955, Tomu Uchida réalise juste avant celui-ci, le film Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, un film de Chambara reposant sur l’aspect psychologique, plus que dans un Kurosawa, un Gosha ou encore un Misumi.
Tomu Uchida réalise ici une œuvre sur la condition sociale des serviteurs de samouraïs en noir et blanc, d’une grande beauté et au message profond.
L’édition du film est celle de Wild Side vidéo dans sa version Pocket, avec une image plutôt pas mal, étant donné que le film fut réalisé avant les années 60.

Comme cité précédemment, Uchida joue sur la condition des serviteurs, rangés en tant que simples lèche-bottes, d’un rang bien en dessous de leur maître, devant être capable de se sacrifier pour tout et n’importe quoi, sans même avoir le droit de boire un bol de saké avec eux, même si ce dernier leur propose volontiers.
Le Mont Fuji et la lance ensanglantée n’est pas un simple film de Chambara, mais possède également une forte présence de comédie, notamment avec la présence de Jiro, un petit garçon qui rêve de devenir lancier, tout comme le serviteur, Gonpachi, qui deviendra au fil de l’aventure, son modèle.
On trouvera le sourire sur certaines scènes comme les envies présentes de Jiro d’aller au petit coin suite à une indigestion de kakis, ou encore à l’air effaré des seigneurs pendant leur cérémonie de thé, cherchant d’où peut venir cette forte odeur d’excrément laissé par le petit Jiro, où même encore à moindre mesure, les multiples rencontres entre Shojuro Sako et la bande des trois marchands dont l’un possède soi-disant, un nez qui rit.

Le Mont Fuji et la lance ensanglantée est également riche en dialogues et en comique de situation, comme la scène où un serviteur demande à un masseur, s’il n’a pas vu un homme barbu passé dans le coin, alors que ce dernier est aveugle, ou encore lorsque Gonpachi tente de placer sa lance dans le bateau, qui effleure la robe d’une femme sans le vouloir, autant de petites scènes, qui donne un dynamisme intéressant au film, malgré une petite perte de rythme au milieu du film.
Pour revenir à cette différence dans la condition du serviteur et du samouraï, le film changera d’avis, au début, on comprend bien que les serviteurs sont d’un rang bien moins élevé qu’un samouraï, notamment lorsque Gonpachi est censé recevoir une récompense pour l’arrestation du bandit, alors que la police remettra la lettre de prestige au samouraï Shojuro Sako, qui lui seul est capable d’arrêter ce dernier, uniquement parce qu’un serviteur ne serait soi-disant rien, sans son maître.

Dans Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, Uchida met l’accent sur le peuple, un peuple sincère, dévoué, comme la scène où la jeune femme accompagnée de sa petite fille remet l’onguent à Gonpachi, alors qu’elle aurait très bien pu le garder pour elle, connaissant sa valeur.
Pour finir, Uchida nous offre une très belle scène finale, suite à la mort de Shojuro Sako par un groupe de samouraïs, le lancier Gonpachi sera appelé en renfort, et luttera pour venger son maître.
Une bataille théâtralisé, puisque l’on voit que tous les coups portés n’effleurent qu’à peine les protagonistes, une théâtralité également présente par le surjeu des acteurs, une scène de bataille dans l’immensité d’une cour, couverte par la lance de Gonpachi, élément clé du film, une bataille utilisant une mise en scène active de toute beauté.

En conclusion, c’était le premier film de Tomu Uchida que j’ai l’occasion de voir, et je dois dire que je suis très surpris par celui-ci.
Étant considéré comme l’un des réalisateurs de talents, les moins connus en Europe, je remercie Wild Side Vidéo d’avoir sorti plusieurs films de ce dernier, que je m’empresserai de me procurer, notamment Meurtre à Yoshiwara et Le Détroit de la Faim.
Le Mont Fuji et la lance ensanglantée est une très belle réussite durant l’âge d’or du cinéma japonais, un divertissement psychologique de grande classe.





Je viens de le regarder et je dois dire dire que j’ai été surprise par l’humour et » la normalité » du film. Les scènes dans les différentes auberges notamment ou on voit les personnages inter-agir, le réalisateur prend le temps de développer plusieurs personnages secondaires qui viennent étoffer et humaniser son histoire. Il y a toujours une fatalité très présente comme chez les autres réalisateurs japonais, mais chez Uchida elle est atténué par le sentiment que les personnages ont partagé, ri, aimé avant d’être rattrapés.
Je prévois de regarder Meurtre à Yoshiwara ainsi que Le détroit de la fin.
Oui, surprenant tout de même. On s’attend pas à retrouver un esprit comique dans un film de Tomu Uchida. Meurtre à Yoshiwara est également très bon. Je crois d’ailleurs en avoir fait une critique plus ou moins dans la même période que celle-ci. Quand au Détroit de la faim (et non fin ^^), je n’ai pas encore eu le courage de le voir.