Dernier Caprice

Dernier Caprice

Titre anglais : Autumn for the Kohayagawa Family
Titre original : Kohayagawa-ke no aki
Autre titre : End of Summer
Réalisé par : Ozu Yasujiro
Année : 1961
Pays : Japon
Genre : Comédie/Drame
Durée : 103 mins

Interprété par

Ryu Chishu
Nakamura Ganjiro
Naniwa Chieko
Kobayashi Keiju
Aratama Michiyo
Tsukasa Yoko
Dan Reiko
Kato Daisuke
Hara Setsuko
Mochizuki Yuko

Scénaristes : Noda Kogo & Ozu Yasujiro

Scénario : A Kyoto, un vieux marchand de saké, Kohayagawa Manbei, vit avec ses trois filles Fumiko, Noriko et Akiko l’aînée, qui est veuve, mais dont la famille espère le remariage. Quant au mari de Fumiko, Hisao, il se préoccupe de l’avenir de l’entreprise qui commence à subir les effets néfastes de la concurrence…

Critique

Avant dernier film du réalisateur, après Fin d’automne en 1960 et Le Goût du Saké en 1962, Dernier Caprice montre bien la pente déclinante du réalisateur, non pas sur la qualité de son œuvre, mais sur la fin de vie de l’homme, puisque Dernier Caprice est bel et bien son avant-dernier film, laissant déjà transparaitre, les traits d’une œuvre testament, surtout lorsque l’on sait, qu’Ozu n’était pas au top de sa forme sur ces derniers jours et qu’il nous quitterai prochainement.

Bizarrement, même en regardant encore aujourd’hui Dernier Caprice, on ressent un sentiment de tristesse, celui-ci de savoir qu’il s’agit de son avant-dernier film et qu’il sera bientôt plus possible de voir l’une de ses si fabuleuses chroniques familiales, même si cela fait déjà plus de quarante ans, que l’homme nous a quitté.

Souvent assimilé comme le parfait opposé au cinéma de Akira Kurosawa, le cinéma de Ozu Yasujiro a souvent été considéré comme un cinéma intimiste et difficilement abordable par son traditionalisme ambiant, pourtant, Ozu Yasujiro propose un cinéma plus qu’artificiel qu’autre chose, par la maitrise à la goutte d’eau prête du décor, de l’interprétation des personnages et surtout par une constance vision de l’espace au raz du tatami et rien que pour cela, il est impensable de considérer le cinéma d’Ozu comme un cinéma traditionnel, mais bel et bien comme un anti-cinéma comme le démontre, Kiju Yoshida dans son œuvre littéraire.

Beaucoup également pensent que les films d’Ozu sont trop raids et même inintéressant par leurs lenteurs, pourtant, une fois entrée dans son univers, il est difficile d’en ressortir, car ce maitre du cinéma japonais arrive à plaire aux spectateurs, avec un talent majestueux pour s’accaparer celui-ci jusqu’aux dernières minutes de son film, sans le laisser sur le bord de la route, en lui montrant une histoire de famille universelle, dans laquelle on se reconnait forcément, quelque soit son age.

Dernier Caprice est donc un film quasi autobiographique, on sent bien que le personnage qu’interprète Nakamura Ganjiro est la copie conforme d’un Ozu extraverti, qui cherche à tout prix à vivre, comme s’il sentait sa fin venir et cherchait à tout prix, à profiter de ses derniers instants.

Dernier Caprice est composé d’un casting fort intéressant, dont la dernière performance de Hara Setsuko, qui une fois de plus s’en tire avec les honneurs, que l’on retrouve dans une chronique familiale inter-générationnelle, filmée par des plans fixes sublimes et précis, esthétiquement incroyable et d’une complexité exemplaire.

L’alternance de situation comique et dramatique insuffle une certaine mélancolie et nous offre une situation dans laquelle le spectateur se sent apaisé et attentif de chaque chose, un résultat que le réalisateur cherche et finalement trouve avec Dernier Caprice dans sa mise en scène, ses situations d’humour bon enfant est incroyable de vitalité.

Au final, Dernier Caprice est un délice de cinéphile, plus je regarde Ozu et plus je l’admire et à vrai dire, je ne serais aujourd’hui faire un choix entre Kurosawa et Ozu, chacun ayant de grandes qualités et une technique complètement différente, mais leur art est aussi admirable l’un que l’autre, Dernier Caprice est une merveille de cinéma japonais et nombreux sont les réalisateurs qui doivent beaucoup à Ozu, je pense notamment à Takeshi Kitano.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Dernier Caprice de Ozu Yasujiro
Note
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