Red Angel
Titre original : Akai tenshi
Titre français : L’ange rouge
Réalisé par : Yasuzo Masumura
Année : 1966
Pays : Japon
Genre : Drame/Guerre
Durée : 1h32
Interprété par
Ayako Wakao
Shinsuke Ashida
Yusuke Kawazu
Ranko Akagi
Jotaro Senba
Daihachi Kita
Ayako Ikegami
Scénario : 1939. La guerre fait rage sur le front de Mandchourie entre le Japon et la Chine. Sakura Nishi, une jeune infirmière, découvre toute l’horreur de la guerre auprès du docteur Okabe dont elle tombe amoureuse. Elle décide alors de le suivre sur le pire des champs de bataille.
Critique
Entre Tatouage en 1966 et The Wife of Seishu Hanaoka en 1967, Yasuzo Masumura réalise Red Angel, un film noir sur le terrible sort de la guerre, vu au travers d’une jeune infirmière, Sakura Nishi, interprété par l’incroyable Ayako Wakao.
Contrairement aux autres films du réalisateur, Red Angel est en noir et blanc, un choix tout à fait évident pour refléter l’horreur de la guerre.

Yasuzo Masumura mêle une réalisation de cadrages maitrisés, de plans captant les plus petits détails, comme les ustensiles médicaux, ou encore de plans fixes, pour créer une ambiance toute particulière, celle d’une clinique médicale.
Dans cet univers tragique, Masumura utilise donc le noir et blanc pour désamorcer la dureté des images, du sang, mais donne tout de même, une impression de morbide. Un regard sans concession sur les conséquences néfastes de la guerre, personnifiée par plusieurs soldats qui croiseront le chemin de l’ange rouge.

Masumura met également en avant deux thèmes forts, l’oppression des hommes envers les femmes, sous une scène de viol de cette pauvre Nishi, des hommes qui ne verront en elle, qu’un simple bout de viande, mais également celle de ses supérieurs hiérarchiques qui lui interdit d’avoir toutes formes d’émotions pour ces soldats blessés.
La culpabilité va ainsi traversé le personnage jusqu’à la fin de Red Angel, tourmentée par son devoir d’infirmière et de provoquer involontairement la mort des hommes qu’elle côtoie.

Red Angel nous montre également la dureté des hôpitaux du front, ces endroits sordides où se mélange de pauvres massacrés qui s’amoncellent, des salles d’opération, véritable boucherie chirurgicale, mais cette dernière trouvera un alter ego dans la personne du lieutenant chirurgien, proche des héros de Kurosawa, un humaniste qui malgré les circonstances tente de composer avec la réalité de son métier, même si celui-ci tente de s’enfuir de cette réalité déconcertante dans la prise de morphine quotidienne avant de s’endormir.

En conclusion, Masumura met en permanence mal à l’aise le spectateur, entre les vomissements d’une prostituée atteinte du choléra et les multiples corps qui s’entremêlent à terre rendent compte de l’horreur de la guerre.
Au final, Masumura nous offre sa vision humaniste de la guerre avec cette perle du cinéma japonais.




