Oyuki la Vierge

Oyuki la vierge cover

Titre Anglais : Oyuki, the Madonna
Titre Original : Maria no Oyuki
Autre Titre : Oyuki, the virgin
Réalisé par : Kenji Mizoguchi
Année : 1935
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 78 mins

Interprété par

Yamada Isuzu
Natsukawa Daijiro
Nakano Eiji
Umemura Yoko
Hara Komako
Shibata Shin

Scénariste : Takashima Tatsunosuke & Kawaguchi Matsutaro

Scénario : Le film transpose l’épisode de la guerre de 1870 de Boule de Suif de Maupassant dans le contexte japonais de la « Guerre Ouest-Sud ». Au début de l’ère Meiji, le gouvernement réprima un mouvement d’insubordination mené par un certain Takamori Saigô…

Critique

Entre Les Coquelicots et La Cigogne de Papier, Kenji Mizoguchi réalise Oyuki la Vierge en 1935, œuvre inspirée de Boule de Suif de Maupassant, un écrivain adulé par le réalisateur à cette époque, ce film est une véritable rareté cinématographique rassemblée autour d’un coffret comprenant les deux autres œuvres précitées, il va sans dire que c’est un réel bonheur pour les amateurs du cinéaste et une grande chance, puisque ces œuvres ont faillit être perdus à jamais dû au très mauvais état de conservation, heureusement pour nous, l’éditeur Carlotta à eu le courage de tenter une restauration de ces films, donnant un résultat correct malgré des problèmes de griffures et de sons.

En plus de cela, Carlotta nous offre une présentation du film par Pascal Vincent ainsi qu’un intéressant documentaire de 19 minutes retraçant la vie de l’actrice Isuzu Yamada, ayant travaillé avec les plus grands, comme Mizoguchi, Naruse, Ozu, Kinugasa et l’admirable Akira Kurosawa.

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Reprenant donc la trame de l’œuvre de 1877 de Maupassant, Mizoguchi transpose celle-ci pendant la révolte du clan de samouraï Satsuma contre l’armée impériale du Japon et ici, l’héroïne se retrouve dans le personnage d’Oyuki, une prostituée interprétée par Isuzu Yamada, accompagnée de Okin, une autre prostituée, tout comme elle, qui tente de survivent dans cette époque incertaine et vont finalement quitter leur établissement devenu trop dangereux par la guerre et prendre le chemin du voyage dans une carriole où elles se retrouvent avec une bande de bourgeois dirigeants qui ne manqueront pas de sortir les railleries de leurs conditions sociales durant une grande partie du parcours jusqu’à ce que celle-ci soit renversée et immobilisée en pleine campagne, sans nourritures…

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Et c’est ainsi que le rapport de force va basculer, imagé par la tentative d’une bourgeoise aisée de racheter les boulettes de riz aux geishas, pensant que l’argent peut tout acheter, refusant au début, celle-ci leur offrira de quoi manger gratuitement, juste par humanité.

En plus de faire étalage d’un scénario bien mené, Kenji Mizoguchi reprend à nouveau, l’un de ses thèmes de prédilection, celui du sacrifice des femmes, notamment pendant la scène où la fine équipe se retrouve prisonniers, à la merci d’un commandant de guerre, où la femme est sacrifiée pour libérer le groupe et où les caractères des personnages sont finalement révélé, entre les bourgeois qui n’hésitent pas à sacrifier leur jeune fille pure et innocence pour sauver leur peau, la fragilité d’Okin envers les hommes et la grandeur d’âme d’Oyuki.

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Alors que le commandant est appelé à défendre sa patrie, le groupe est libéré sauf Oyuki et Okin, qui se feront lâchement refoulés par les bourgeois reprenant la route de leurs habitations en bateau, en dénigrant d’avoir quelconque relation avec ces deux geishas.

Finalement livrés à elles-mêmes, Oyuki et Okin rejoignent leur ancien établissement et tentent de le reconstruire, lorsqu’elle découvre l’ancien commandant, devenu un traitre de la nation, blessé qui mettra en place une rivalité latente entre les deux femmes, étant tout deux, tombé amoureux de cet homme, un sentiment vain, puisqu’au final, ni l’une ni l’autre ne seront acceptées par la société dans laquelle elles vivent.

C’est donc avec un réalisme impressionnant et une dimension pessimiste que Kenji Mizoguchi critique socialement le Japon et la condition de la femme.

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Au final, Oyuki la Vierge est visuellement intéressant, à la dimension fataliste, Mizoguchi effectue un audacieux parallèle entre la vie militaire et la vie des geishas sous une ambiance également mystique, faisant référence au titre de l’œuvre, le cinéaste nous montre au travers de celle-ci, une attention réelle sur la lutte des classes, sur le féodalisme et surtout l’injustice envers les femmes, thème qu’il réutilisera longtemps dans sa carrière de cinéaste.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Oyuki la Vierge de Kenji Mizoguchi
Note
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