The World of Ours

The World of Ours
Japon | 2007 | Drame | Un film de Ryo Nakajima | Avec : Satoshi Okutsu, Yoshihiko Taniguchi, Arisa Hata, Ren Murakami, Shinmon Akaho, Natsu Kasyu et Taketomo Ogawa
Scénario : Une partie de vie vue à travers trois protagonistes dans un monde dangereux où il tente de faire façe au conformisme de la société qui les entourent…

Critique

The World of Ours réalisé par Ryo Nakajima a remporté 3 prix au festival du film PIA en 2007, le prix spécial du jury, celui du Imagica Technical et de l’Avex Entertainement, un festival longtemps considéré comme un tremplin pour les jeunes réalisateurs japonais, comme l’ont été Lee Sang-Il (Hula Girls) ou encore Yoshimitsu Morita (Lost Paradise et le récent remake de Sanjuro) et autant dire qu’avec trois prix, le film se veut particulièrement intéressant et différent.

Tout d’abord, Nakajima Ryo à écrit ce script à l’âge de 19 ans, en s’isolant seul dans sa chambre pendant plus de six mois, à la manière des Hikikomori avec pour résultat un début de travail personnel et intense d’un grand impact qui ne sera pas du goût de tous le monde, mais pour ceux qui oseront s’y aventurer, ils ne seront vraiment pas déçus, Nakajima a réellement créé un film particulier, avec une âme et une ambiance unique, un monde à part entière, sombre et nihiliste.

The World of Ours est construit de plusieurs petites parties avec trois personnages, Ryo, interprété par Satoshi Okutsu, une petite brute qui est en train de toucher le fond suite à la riposte de l’une de ses victimes, Hiroki, interprété par Yoshihiko Taniguchi, un étudiant d’école supérieure qui parle de changer le monde malgré qu’il tente de se faire une place dans la conformité de la société et de ceux autour de lui et finalement Ami, interprété par Arisa Hata, une fille isolée qui possède un secret et qui va entrer dans la vie des deux précédentes personnes, en tant qu’instigatrice et de potentielle victime.

Alors que le film progresse, ils deviennent des exclus de la société qui les forcent à coopérer, les poussant les uns contre les autres, avant qu’un climat final s’instaure, bien différent de celui de l’ouverture du film, celle de l’explosion du World Trade Center de New York, ravagé par les flammes.

Aussi ambigu qu’il y parait, les morceaux constituant le film défient parfois la structure prosaïque, tout du moins, je peux garantir que cette idée se reflète fortement lorsque vous serez fixé à l’écran en regardant celui-ci, souligné de manière stylisée par un réalisme surréel, à la manière d’un Shunji Iwai.

À part le fait d’être un film réalisé par une personne ayant juste atteint ses 25 ans, The World of Ours possède une maturité surprenante et complexe même si certains monologues ont parfois la main lourde, mais comme la plupart des jeunes réalisateurs, les effets visuels sont parfois submergés, avec des angles penchés souvent utilisés de manière parfois non judicieuse ainsi qu’une troisième partie au rythme inégal comparé aux deux premières parties.

Cependant, ces techniques sont surement une manière de masquer les limitations de production de The World of Ours, pourtant le réalisateur a créé un film à l’ambiance et à l’interprétation telle une épopée urbaine et personnelle, malgré une durée d’environ 90 minutes, pourtant, en si peu de temps, The World of Ours offre une tonne de thèmes sérieux, car si à la vue des dix premières minutes du film, on pourrait penser qu’il s’agisse d’un de ces films de lycéens, il prend une tout autre tournure, avec une structure narrative qui n’emprunte pas les sentiers battus de la construction et de la convention scénaristique de l’habituel message social.

Le monde de Nakajima est menaçant, remplit de dangers imprévus et quelques personnes pour l’encourager, incluant les protagonistes du film, ce qui fait qu’il est difficile au début de s’y impliquer, mais au fur et à mesure que les conflits majeurs montrent leur nez, les personnages deviennent moins impersonnels, finissant par détruire ou s’auto-détruire, mais Nakajima ne peint aucunement des protagonistes victimes, mais plutôt des êtres qui luttent contre la société sans pour autant y arriver et cette inhabilité à prendre le contrôle de leurs vies nous rapprochent d’eux.

Au final, The World of Ours délivre un simple message, la vie d’adolescents est nulle et ce sur plusieurs formes, mais celle-ci est narrée de manière complexe et souvent inconfortable, ce n’est d’ailleurs pas donné à tout le monde de pouvoir supporter ce film, mais ceux qui auront la chance de pouvoir le voir, expérimenteront les excitants débuts d’un jeune talentueux réalisateur, surtout que ce dernier a reçu plusieurs propositions suite à la réalisation de celui-ci.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
The World of Ours de Ryo Nakajima
Note
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