Ilo Ilo
2013 | Singapour | 99 mins | Drame | Un film de Anthony Chen | Avec Yan Yann Yeo, Tianwen Chen et Angeli Bayani
Scénario du film : Ilo Ilo
A Singapour, Jiale, jeune garçon turbulent vit avec ses parents. Les rapports familiaux sont tendus et la mère, dépassée par son fils, décide d’embaucher Teresa, une jeune Philippine. Teresa est vite confrontée à l’indomptable Jiale, et la crise financière asiatique de 1997 commence à sévir dans toute la région…
Critique du film : Ilo Ilo
Suite à l’opération Cinetrafic à laquelle je participe à chaque fois, cette fois-ci, c’est le dernier film en date d’Anthony Chen que j’ai l’occasion de vous présenter, Ilo Ilo, un drame très intéressant sur la relation à l’étranger immigré dans un pays en crise économique. Mais en réalité, ce n’est pas son dernier film en date, mais plutôt son premier long-métrage, après avoir travaillé sur de nombreux courts-métrages. Ilo Ilo, film de 2014 pour la France, c’est l’histoire de Terry (Teresa), une jeune immigrée des Philippines de 28 ans qui se retrouve à Singapour pour gagner de l’argent afin de subvenir aux besoins de son enfant resté dans son pays d’origine, né il y a à peine un an. C’est chez un couple avec un enfant, dont la mère est enceinte qu’elle trouve une place de « femme à tout faire », s’occupant de Jiale, un enfant turbulent.
Ilo Ilo prend sa source dans la relation face à l’étranger, à travers cette famille qui accueille une jeune, venue des philippines. Dès son arrivée, son passeport est confisqué, sous un prétexte quelconque cachant le fait de trouver un moyen d’assurer la présence de cette chaire fraiche au sein du couple. Car il faut le dire, le petit Jiale est terriblement turbulent. Véritable conflit entre Jiale et sa nouvelle nounou, c’est petit à petit, que les liens vont se tisser. Vu comme çà, on pourrait se dire qu’on est en face d’un gentil drame, voir une comédie, mais finalement, Ilo Ilo cache bien plus de chose. Pourquoi ? Simplement parce que Anthony Chen, le réalisateur ne fait jamais dans le cliché.
Même si ses personnages affichent des sentiments bien particuliers et percevables en début de métrage, finalement, la mère n’est pas si odieuse, le gamin pas si indomptable et le père, pas si « je-m’en-foutiste ». De plus, le réalisateur n’oublie jamais l’un de ses personnages. Il porte tout autant attention à la mère, au père, au fils et bien entendu à cette nounou-boniche qui prend peu à peu place dans leur famille.
Honnêtement, il y a beaucoup à dire sur un tel film, car sous ses airs d’un drame familial, c’est aussi un drame de société, une vision de l’étranger au cœur d’un pays en crise. On peut voir une sorte de scission dans ce cadre familial. D’un côté les parents, complètement paumés et n’assumant pas leur situation : le père n’assume pas sa perte de son travail, le fait qu’il fume en cachette et la mère se rend compte qu’elle perd sa place auprès de son fils et tentera d’ailleurs à de nombreuses reprises de reprendre son rôle, occupée par celle qu’elle a engagée.
C’est en effet la crise, les années 97-98, la dure réalité d’un monde qui s’écroule, sans pour autant tomber dans le pessimisme. Il n’y aura aucune haine dans ce film, mais une belle histoire qui se forme entre Teresa et Jiale. Car ce sont eux qui arriveront à faire naître cette lueur d’espoir dans une situation conflictuelle et délicate. Je pourrai encore dire beaucoup sur le film d’Anthony Chen, mais il serait pour moi inutile de vous en donner tous les détails. Ilo Ilo est un excellent film, une très belle œuvre et pour un premier métrage, autant vous dire que le monsieur est à suivre à l’avenir ! Je vous recommande ce film chaudement !
Ilo Ilo de Anthony Chen est sortie en DVD chez Epicentre Films depuis le 1er Avril 2014
